Pluie Noire
Pluie
Noire
Hiroshima
le 6 août 1945. Les gens partent au travail. Soudain, un éclair blanc déchire
le ciel. Sa lumière s'accompagne d'un souffle terrible et l'enfer se déchaîne.
Des fantômes mutilés errent dans les amas de ruines. Au moment de l'explosion,
Yasuko, une jeune fille est sur un bateau, en route vers la maison de son
oncle. Une pluie noire s'abat sur la mer et sur les passagers. Ceux que cette
pluie a touchés, souillés, ne savent pas encore qu'ils ont été irradiés. Quelques
années plus tard, Yasuko vit à la campagne avec son oncle et sa tante. La
guerre est finie, la vie a repris ses droits. Et c'est dans une ambiance de
nature sereine, apaisante, que lentement la mort s'installe. Yasuko ne trouve
pas à se marier. On craint sa maladie. Les victimes de la bombe sont devenues des
hibakusha.
Pluie Noire
Réalisation : Shōhei
Imamura
Scénario : Shōhei
Imamura, Toshirō Ishidō, d'après le roman de Masuji Ibuse
Musique : Tōru
Takemitsu
Production : Hayashibara
Group, Imamura Productions, Tohokashinsha Film Company Ltd.
Genre :
Drame
Titre
en vo : Kuroi ame
Pays
d'origine : Japon
Langue
d'origine : japonais
Date
de sortie : 13 mai 1989
Durée : 123
mn
Casting :
Yoshiko
Tanaka : Yasuko, la nièce des
Shizuma
Kazuo
Kitamura : Shigematsu
Shizuma, l'oncle maternel de Yasuko
Etsuko
Ichihara : Shigeko
Shizuma, la tante de Yasuko
Shōichi
Ozawa : Shokichi
Norihei
Miki : Kotaro
Keisuke
Ishida : Yuichi, un militaire
traumatisé
Hisako
Hara : Kin, la grand-mère
Masato
Yamada : Tatsu, la mère de Yuichi
Tomie
Ume : Tane, la femme de Shochiki
Akiji
Kobayashi : Katayama
Tamaki
Sawa : la femme à Ikemoto-ya
Kazuko
Shirakawa : la vieille
dame au drapeau blanc
Kenjirō
Ishimaru : Aono
Mayumi
Tateichi : Fumiko,
d'Ikemoto-ya
Mon
avis : Le 6 août 1945 aurait dû être une
journée comme les autres, en fait juste un peu plus caniculaire que les autres,
pour la ville japonaise d'Hiroshima, mais l'éclair qui tue, c’est-à-dire, vous
l’avez compris, l’explosion atomique, en a décidé autrement, tuant des dizaines
de milliers de personnes sur le coup et en bouleversant la vie de dizaines de
milliers d'autres, dont celle de notre protagoniste, Yasuko, une jeune filles qui se rendait chez vous oncle et qui, si
elle n'était pas sur les lieux mêmes, était suffisamment proche pour recevoir
la méconnue mais terrifiante pluie noire
qui scellera son destin. Contrairement a ce que l’on pourrait penser de prime
abord, le réalisateur, Shōhei Imamura, ne va pas trop se concentrer trop sur ce
fameux 6 août 1945, même s'il va en donner quelques images marquantes,
principalement au début et par le biais de flashbacks ensuite, dont l'horreur
glaçante ferait passer les films de zombies de George Romero pour des dessins
animés pour enfants, mais surtout sur la vie d'après, celle qui se déroule en 1950.
C’est donc quelques années après qu’Hiroshima ait été rasée par une bombe
atomique que l’on retrouve des victimes toujours vivantes, certes, mais qui
sont, bien entendu, condamnées à plus ou moins long terme en raison des
retombés radioactives qui, tôt ou tard, finiront par les faucher. Mais au-delà
de cette condamnation à venir, ce qui marque le plus les esprits, c’est la
manière dont sont traités ces survivants, devenus, finalement, de véritables
parias aux yeux de la société, l’exemple le plus flagrant étant, naturellement,
celui de Yasuko qui n’était pas à
Hiroshima même lors de l’explosion mais qui est rejetée par ses futures belles
familles lors de chaque projet de mariage – pour la petite histoire, à
l’époque, on ne savait pas encore que la pluie noire, composée principalement
de cendres et de retombés radioactives, était tout aussi mortelle. Ainsi, alors
que l’on aurait put penser que Pluie
Noire aurait abordé les premiers jours post-explosion atomique, c’est
davantage le sort des survivants, de ceux qui vont mourir au fil des années qui
est au cœur d’une intrigue oh combien dramatique et qui ne laissera nullement
indifférent le spectateur. Shōhei Imamura prend son temps pour aborder
ce sujet méconnu car très peu abordé au cinéma en donnant parfois, et souvent
quand on s'y attend le moins, des séquences pour le moins fortes qui restent
sobres, dans le ton du film, mais qui tranchent avec l'apparence faussement
paisible de l'ensemble. Quand au sort des différents protagonistes, des
irradiés condamnés a plus ou moins longue échéance au sort de la jeune fille
dont on se demande sil elle a été irradiée ou non, sans oublier, cet ancien
soldat revenu traumatisé par la guerre, celui-ci est au cœur d’une intrigue oh
combien dramatique mais terriblement captivante et qui nous amène à réfléchir,
ce, en une époque où, du coté du Kremlin, certains pensent, par moments a user
de l’arme atomique contre l’Ukraine voir contre les pays de l’OTAN, ce, sous
l’admiration béate de leurs admirateurs fanatiques qui n’ont probablement pas
saisis que leur anti-américanisme primaire ne les sauvera pas de la
catastrophe… Bref, Pluie Noire est,
incontestablement, une œuvre dérangeante qui traite d’un sujet lui aussi
dérangeant, ce qui en fait, naturellement, un film que l’on peut qualifier sans
exagération aucune d’essentiel !
Points
Positifs :
-
Un excellent long métrage qui traite d’un sujet trop rarement abordé sur le
grand écran, je veux, bien entendu, parler du sort des survivants des
explosions atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, des hommes, des femmes et des
enfants qui périrent par dizaines de milliers, au fil des années et des
décennies, suite a l’irradiation subie lors des bombardements.
-
L’accent est naturellement mis sur le sort de ces individus, vus comme des
morts en puissance et qui, la plupart du temps, devinrent de véritables parias aux
yeux de la société nippone de l’après guerre.
-
Le début du film qui traite du jour de l’explosion est d’une horreur sans nom,
particulièrement lorsque la jeune fille, accompagnée de son oncle et de sa
tante, traversent Hiroshima en ruine, croisant des centaines de cadavres
carbonisés et moult survivants en bien triste état.
-
La sobriété est au cœur de ce film qui met davantage l’accent sur la vie de ces
hommes et femmes en sursis plutôt que sur une quelconque esbroufe qui aurait
certes été plus spectaculaire mais totalement hors de propos.
-
Vous vous doutez bien que je ne suis pas un grand spécialiste du cinéma nippon
des années 80, cependant, force est de constater que le casting est plutôt bon
pour ne pas dire excellent.
-
Une œuvre marquante, dure et qui nous amène à réfléchir, naturellement.
Points
Négatifs :
-
Shōhei Imamura prend son temps pour aborder un sujet oh combien difficile,
peut-être un peu trop, même, par moments car il faut reconnaitre que ce film
possède quelques petites longueurs.
-
Il se peut que certains aient été déçus par le fait que Pluie Noire traite davantage des années suivant l’explosion
atomique que du sort des survivants d’Hiroshima juste après l’explosion
atomique.
-
Bien entendu, Pluie Noire n’est
absolument pas un film destiné au grand public, de par on rythme, plutôt lent,
sa thématique, difficile et le traitement de celle-ci. Naturellement, cela
reste une affaire de gouts personnels…
Ma
note : 7,5/10
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