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jeudi 15 août 2024

Pluie Noire


Pluie Noire
 
Hiroshima le 6 août 1945. Les gens partent au travail. Soudain, un éclair blanc déchire le ciel. Sa lumière s'accompagne d'un souffle terrible et l'enfer se déchaîne. Des fantômes mutilés errent dans les amas de ruines. Au moment de l'explosion, Yasuko, une jeune fille est sur un bateau, en route vers la maison de son oncle. Une pluie noire s'abat sur la mer et sur les passagers. Ceux que cette pluie a touchés, souillés, ne savent pas encore qu'ils ont été irradiés. Quelques années plus tard, Yasuko vit à la campagne avec son oncle et sa tante. La guerre est finie, la vie a repris ses droits. Et c'est dans une ambiance de nature sereine, apaisante, que lentement la mort s'installe. Yasuko ne trouve pas à se marier. On craint sa maladie. Les victimes de la bombe sont devenues des hibakusha.
 

Pluie Noire
Réalisation : Shōhei Imamura
Scénario : Shōhei Imamura, Toshirō Ishidō, d'après le roman de Masuji Ibuse
Musique : Tōru Takemitsu
Production : Hayashibara Group, Imamura Productions, Tohokashinsha Film Company Ltd.
Genre : Drame
Titre en vo : Kuroi ame
Pays d'origine : Japon
Langue d'origine : japonais
Date de sortie : 13 mai 1989
Durée : 123 mn
 
Casting :
Yoshiko Tanaka : Yasuko, la nièce des Shizuma
Kazuo Kitamura : Shigematsu Shizuma, l'oncle maternel de Yasuko
Etsuko Ichihara : Shigeko Shizuma, la tante de Yasuko
Shōichi Ozawa : Shokichi
Norihei Miki : Kotaro
Keisuke Ishida : Yuichi, un militaire traumatisé
Hisako Hara : Kin, la grand-mère
Masato Yamada : Tatsu, la mère de Yuichi
Tomie Ume : Tane, la femme de Shochiki
Akiji Kobayashi : Katayama
Tamaki Sawa : la femme à Ikemoto-ya
Kazuko Shirakawa : la vieille dame au drapeau blanc
Kenjirō Ishimaru : Aono
Mayumi Tateichi : Fumiko, d'Ikemoto-ya
 
Mon avis :
 Le 6 août 1945 aurait dû être une journée comme les autres, en fait juste un peu plus caniculaire que les autres, pour la ville japonaise d'Hiroshima, mais l'éclair qui tue, c’est-à-dire, vous l’avez compris, l’explosion atomique, en a décidé autrement, tuant des dizaines de milliers de personnes sur le coup et en bouleversant la vie de dizaines de milliers d'autres, dont celle de notre protagoniste, Yasuko, une jeune filles qui se rendait chez vous oncle et qui, si elle n'était pas sur les lieux mêmes, était suffisamment proche pour recevoir la méconnue  mais terrifiante pluie noire qui scellera son destin. Contrairement a ce que l’on pourrait penser de prime abord, le réalisateur, Shōhei Imamura, ne va pas trop se concentrer trop sur ce fameux 6 août 1945, même s'il va en donner quelques images marquantes, principalement au début et par le biais de flashbacks ensuite, dont l'horreur glaçante ferait passer les films de zombies de George Romero pour des dessins animés pour enfants, mais surtout sur la vie d'après, celle qui se déroule en 1950. C’est donc quelques années après qu’Hiroshima ait été rasée par une bombe atomique que l’on retrouve des victimes toujours vivantes, certes, mais qui sont, bien entendu, condamnées à plus ou moins long terme en raison des retombés radioactives qui, tôt ou tard, finiront par les faucher. Mais au-delà de cette condamnation à venir, ce qui marque le plus les esprits, c’est la manière dont sont traités ces survivants, devenus, finalement, de véritables parias aux yeux de la société, l’exemple le plus flagrant étant, naturellement, celui de Yasuko qui n’était pas à Hiroshima même lors de l’explosion mais qui est rejetée par ses futures belles familles lors de chaque projet de mariage – pour la petite histoire, à l’époque, on ne savait pas encore que la pluie noire, composée principalement de cendres et de retombés radioactives, était tout aussi mortelle. Ainsi, alors que l’on aurait put penser que Pluie Noire aurait abordé les premiers jours post-explosion atomique, c’est davantage le sort des survivants, de ceux qui vont mourir au fil des années qui est au cœur d’une intrigue oh combien dramatique et qui ne laissera nullement indifférent le spectateur. Shōhei Imamura prend son temps pour aborder ce sujet méconnu car très peu abordé au cinéma en donnant parfois, et souvent quand on s'y attend le moins, des séquences pour le moins fortes qui restent sobres, dans le ton du film, mais qui tranchent avec l'apparence faussement paisible de l'ensemble. Quand au sort des différents protagonistes, des irradiés condamnés a plus ou moins longue échéance au sort de la jeune fille dont on se demande sil elle a été irradiée ou non, sans oublier, cet ancien soldat revenu traumatisé par la guerre, celui-ci est au cœur d’une intrigue oh combien dramatique mais terriblement captivante et qui nous amène à réfléchir, ce, en une époque où, du coté du Kremlin, certains pensent, par moments a user de l’arme atomique contre l’Ukraine voir contre les pays de l’OTAN, ce, sous l’admiration béate de leurs admirateurs fanatiques qui n’ont probablement pas saisis que leur anti-américanisme primaire ne les sauvera pas de la catastrophe… Bref, Pluie Noire est, incontestablement, une œuvre dérangeante qui traite d’un sujet lui aussi dérangeant, ce qui en fait, naturellement, un film que l’on peut qualifier sans exagération aucune d’essentiel !
 

Points Positifs
 :
- Un excellent long métrage qui traite d’un sujet trop rarement abordé sur le grand écran, je veux, bien entendu, parler du sort des survivants des explosions atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, des hommes, des femmes et des enfants qui périrent par dizaines de milliers, au fil des années et des décennies, suite a l’irradiation subie lors des bombardements.
- L’accent est naturellement mis sur le sort de ces individus, vus comme des morts en puissance et qui, la plupart du temps, devinrent de véritables parias aux yeux de la société nippone de l’après guerre.
- Le début du film qui traite du jour de l’explosion est d’une horreur sans nom, particulièrement lorsque la jeune fille, accompagnée de son oncle et de sa tante, traversent Hiroshima en ruine, croisant des centaines de cadavres carbonisés et moult survivants en bien triste état.
- La sobriété est au cœur de ce film qui met davantage l’accent sur la vie de ces hommes et femmes en sursis plutôt que sur une quelconque esbroufe qui aurait certes été plus spectaculaire mais totalement hors de propos.
- Vous vous doutez bien que je ne suis pas un grand spécialiste du cinéma nippon des années 80, cependant, force est de constater que le casting est plutôt bon pour ne pas dire excellent.
- Une œuvre marquante, dure et qui nous amène à réfléchir, naturellement.
 
Points Négatifs :
- Shōhei Imamura prend son temps pour aborder un sujet oh combien difficile, peut-être un peu trop, même, par moments car il faut reconnaitre que ce film possède quelques petites longueurs.
- Il se peut que certains aient été déçus par le fait que Pluie Noire traite davantage des années suivant l’explosion atomique que du sort des survivants d’Hiroshima juste après l’explosion atomique.
- Bien entendu, Pluie Noire n’est absolument pas un film destiné au grand public, de par on rythme, plutôt lent, sa thématique, difficile et le traitement de celle-ci. Naturellement, cela reste une affaire de gouts personnels…
 
Ma note : 7,5/10

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