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mardi 23 avril 2024

Persepolis


Persepolis
 
Téhéran, en 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète de la galaxie. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les événements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Shah. Avec l'instauration de la République islamique débute le temps des commissaires de la révolution qui contrôlent tenues et comportements. Marjane, qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire. Bientôt, la guerre contre l'Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère. Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l'envoyer en Autriche pour la protéger. À Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l'adolescence, la liberté, les vertiges de l'amour mais aussi l'exil, la solitude et la différence.
 

Persepolis
Réalisation : Vincent Paronnaud, Marjane Satrapi
Scénario : Vincent Paronnaud, Marjane Satrapi
Musique : Olivier Bernet
Production : France 3 Cinéma, Kennedy/Marshall Company, French Connection Animations, Diaphana Films
Genre : Animation, autobiographie, comédie dramatique
Titre en vo : Persepolis
Pays d'origine : France, États-Unis
Langue d'origine : français
Date de sortie : 27 juin 2007
Durée : 95 mn
 
Casting :
Chiara Mastroianni : Marjane Satrapi (adulte et adolescente)
Catherine Deneuve : Taji Satrapi, mère de Marjane
Danielle Darrieux : la grand-mère de Marjane
Simon Abkarian : Ebi Satrapi, père de Marjane
Gabrielle Lopes Benites : Marjane (enfant)
François Jérosme : Anouche Satrapi, oncle de Marjane
Tilly Mandelbrot : Laly
 
Mon avis :
 Pour la petite histoire, il m’aura fallut une bonne douzaine d’années pour que, enfin, je me décide à voir ce fameux Persepolis, long métrage d’animation tiré de la bande dessinée autobiographique de Marjane Satrapi et qui, en 2007, connu un succès pour le moins important, ce, bien entendu, en causant bon nombre de polémiques en Iran mais également dans pas mal de pays musulmans comme il fallait s’y attendre. Mais bon, comme il est de coutume de le dire, mieux vaut tard que jamais et franchement, même après une décennie d’attente, il aurait été dommage de passer à coté de ce petit bijou de l’animation française. Car sans la moindre surprise, Persepolis est un très bon film, à la fois, formidable témoignage du passé récent de l’un des pays les plus fascinants du Moyen-Orient, l’Iran, civilisation millénaire s’il en est, mais aussi et surtout, récit autobiographique qui revient sur l’enfance et l’adolescence de l’auteur de bande dessinée, Marjane Satrapi. Car par le biais de la vie de cette dernière, on suit en parallèle le basculement du régime iranien qui, suite a une révolution qui mit dehors l’oppresseur d’alors, le Shah, tomba dans un autre encore pire, celui des Mollahs de l’Ayatollah Khomeini (ce dernier brillant curieusement par son absence), la théocratie depuis au pouvoir ayant alors mis le religieux au cœur de la société iranienne et les femmes sous un voile symbole, selon eux et de nos amis gauchistes, de liberté… Le connaisseur de cette période historique sera bien évidement en terrain familier et replongera donc dans des années 80 par le biais de la terrible et stupide guerre Iran/Irak mais aussi par tout un tas de références musicales, cinématographiques et autres. Cela, bien sur, est intéressant mais il ne faut pas oublier que Persepolis est aussi, et surtout, une biographie et que le cœur du problème de ce film est le récit de l’enfance et de l’adolescence de son auteur ; dans un autre registre, cela nous donne sans nul doute les meilleurs moments de cette œuvre, parfois même de manière plutôt amusante d’ailleurs. Bien sur, il ne faut pas se leurrer, Persepolis est avant toute chose une autobiographie qui nous permet de voir ce que fut l’Iran entre les années 70 et 90, cela, en suivant le destin d’une jeune fille, du coup, certains y trouveront probablement a redire, oubliant peut-être au passage qu’ils ne sont pas devant un documentaire historique. Mais bon, le principal, c’est qu’il s’agit d’une œuvre réussie, plutôt plaisante, drôle par moments et qui, accessoirement, lève le voile sur une partie de l’histoire récente de ce grand pays mais aussi, et ce n’est pas anodin, qu’avant la révolution islamique, l’Iran fut un pays qui certes vivait sous le joug d’un régime oppresseur mais qui jouissait d’une liberté oh combien plus importante que par la suite. Eh oui, les femmes, en Iran, ne ressemblaient pas à des corbeaux dans les années 70 et les hommes ne passaient pas leur temps à bruler des drapeaux américains comme le grand public a un peu trop tendance à le croire depuis longtemps. Comme quoi, même une simple œuvre d’animation permet de rétablir certaines vérités oubliées…
 

Points Positifs
 :
- Récit autobiographique avant toute chose, Persepolis nous permet tout de même, en suivant le destin de la jeune héroïne, de découvrir en parallèle l’histoire récente de l’Iran, l’une et l’autre étant, bien évidement, intimement liée.
- Si la jeunesse de Marjane Satrapi est bien évidement au cœur du récit, ne nous leurrons pas, ce qui frappe le plus, c’est la découverte de la culture iranienne et de son histoire entre les années 70 et 90 qui marque le plus les esprits, surtout qu’on y apprend pas mal de choses.
- Respectant a la lettre les codes graphiques de l’œuvre originale, Persepolis s’avère être une belle réussite.
- Malgré des moments plutôt dramatiques, l’humour n’est pas absent de ce film et certaines scènes sont franchement drôles.
- Voir Persepolis et se souvenir que l’Iran et bien des pays musulmans furent bien différents, il n’y a pas si longtemps, de ce qu’ils sont devenus par la suite. Constater également qu’entre dictature et théocratie, il ne semble pas avoir de place pour une autre sorte de régime politique…

Points Négatifs :
- Cela reste une autobiographie avec les qualités et les défauts inhérents au genre, c’est-à-dire que, naturellement, tout est centré sur l’héroïne – ce qui est logique – ce qui pourra déplaire a certains qui auraient souhaité en connaitre davantage sur cet Iran des débuts du régime des Mollahs.
- Même traiter sous un ton plutôt léger, il y a une ou deux scènes un peu limites qu’on en pense a la manière dont pouvaient agir les gardiens de la révolution…
- Plutôt curieux tout de même que ce bougre de Khomeini ne pointe pas le bout de son nez. Après tout, ce n’était pas n’importe qui tout de même !
- Gauchistes, wokistes, amoureux béats de Mélenchon, indigénistes et une bonne partie des musulmans détesteront naturellement ce film, mais bon, ce n’est pas une surprise.
 
Ma note : 8/10

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