Frankenstein
ou le Prométhée Moderne
C'est
alors qu'à la lueur blafarde et jaunâtre de la lune qui se frayait un chemin au
travers des volets, je vis cet être vil – le misérable monstre que j'avais créé.
Il soulevait le rideau du lit et avait les yeux – si l'on peut les appeler
ainsi – fixés sur moi. Ses mâchoires s'ouvrirent et il bredouilla quelques sons
inarticulés, tandis qu'un rictus ridait ses joues. Peut-être dit-il quelque
chose, mais je ne l'entendis pas. Il tendit une main comme pour me retenir,
mais je m'échappai et descendis précipitamment les escaliers. Je me réfugiai
dans la cour de la maison que j'habitais ; j'y demeurai le reste de la nuit,
marchant de long en large dans un état d'agitation extrême, écoutant
attentivement, percevant et redoutant le moindre son, comme s'il devait
annoncer l'approche de ce cadavre démoniaque auquel j'avais si malheureusement
donné la vie.
Frankenstein ou le Prométhée Moderne
Auteur
: Mary
Shelley
Type
d'ouvrage : Horreur, Fantastique
Première
Parution : 01 janvier 1818
Edition
Poche : 05 novembre 2015
Titre
en vo : Frankenstein or The Modern
Prometheus
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Alain
Morvan
Editeur : Folio
SF
Nombre
de pages : 336
Mon
avis : Après avoir abordé le cas de deux chef d’œuvres de la littérature fantastique du
grand H. G. Wells, je veux, bien entendu, parler de La
Guerre des Mondes et de La
Machine à Explorer le Temps, je m’attaque à présent à un autre
classique du genre tout aussi connu et qui n’a absolument rien à leur envier, je veux, bien entendu, parler du fameux Frankenstein ou le Prométhée Moderne – oui, le titre
est un poil plus long qu’on pourrait le penser de prime abord. Il faut dire, bien
entendu, que la créature du Docteur Frankenstein (pour la énième fois,
Frankenstein, ce n’est pas le nom de la créature qui, d’ailleurs, n’en possède
pas, mais est celui de son créateur) est sans aucune discussion possible un
des monstres les plus célèbres de la culture populaire, particulièrement depuis
l’invention du cinéma, un peu, finalement, comme son comparse des Carpates, je
veux, bien entendu, parler de Dracula – dont je vous parlerais dans ma
prochaine critique… Naturellement, je ne vais pas revenir ici sur le processus
créatif de ce roman qui date, tout de même, de 1818 – plus de deux siècles au
compteur, cela en impose – sur ce pari entre une bande de romantiques – dont un
certain Lord Byron – sur les bords du Lac Léman, qui aura accouché, par
l’entremise de Mary Shelley, de ce roman hors-norme. Non, ce qui compte,
finalement, c’est de savoir si, plus de deux cent ans plus tard, Frankenstein
ou le Prométhée Moderne est une œuvre qui mérite encore le détour, une
œuvre qui n’accuse pas son âge, une œuvre qui, de nos jours, pourrait encore
attirer un nouveau public ? Eh bien, disons que si, pour ce qui est de Dracula – comme vous pourrez le voir dans
ma prochaine critique – les choses sont un poil compliquées, pour ce qui est de
l’œuvre de Mary Shelley, plus ancienne, pourtant, de quelques décennies, cela
passe mieux… Ainsi, avec ses trois récits imbriqués les uns dans les autres –
celui de l’explorateur des pôles, celui de Frankenstein et celui de la créature
– le roman de Shelley se lit plutôt bien et même s’il faut reconnaitre qu’il
faut tout de même être un familier de ce style vieillot pour l’apprécier
totalement, force est de constater que, si c’est le cas, alors, l’amateur du
genre passera un bon moment. De plus, bien au-delà de ses multiples adaptations
cinématographiques – et autres – qui ont un peu dénaturées le mythe, Frankenstein
ou le Prométhée Moderne est bien plus qu’une simple œuvre fantastique
ou horrifique : emprunt du romantisme de son temps, le roman, dramatique à
souhait, est bien plus profond qu’on pourrait le penser de prime abord et
aborde moult thématiques inattendues comme la création, l’éveil à la conscience
sociale ou la transgression. Bref, vous l’avez compris, malgré deux siècles
écoulés, l’ouvrage de Mary Shelley n’a rien perdu de sa force et mérite encore
que l’on s’y attarde et que vous soyez ou non un familier du genre horrifique,
je pense ne pas me tromper en affirmant qu’il mérite largement le détour, ce, comme
tout classique de la littérature digne de ce nom !
Points
Positifs :
-
Un des plus grands classiques de la littérature fantastique et horrifique, tout
simplement ! Il faut dire que malgré ses deux siècles, Frankenstein
ou le Prométhée Moderne n’a rien perdu se sa force narrative et peut
être qualifié d’incontournable pour tout fan du genre.
-
Vous pensiez connaitre Frankenstein sur le bout des ongles,
allons donc, lisez donc l’œuvre originale, vous en serez grandement surpris –
et puis, d’ailleurs, Frankenstein, c’est le nom du scientifique et non celui de
la créature !
-
Une structure narrative originale divisée en trois récits enchâssés les
uns dans les autres : celui de l’explorateur des pôles, celui du Docteur
Frankenstein et celui de la créature.
-
Des thématiques plus larges que le simple récit horrifique sont abordées dans
cet ouvrage emprunt de romantisme.
Points Négatifs :
-
Naturellement, Frankenstein ou le Prométhée Moderne accuse son
âge et son style vieillot risque de perturber celles et ceux qui ne sont pas
habitués à ce genre d’ouvrages aussi anciens.
-
Certains risquent d’être surpris, à raison, quand au fait que la créature
n’apparait pas autant qu’ils pourraient le penser de prime abord.
-
De même, l’intrigue est moins spectaculaire que celle auquel on est habitués
par le biais des adaptations cinématographiques.
Ma note : 8/10
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