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dimanche 21 janvier 2024

Princesse Mononoké


Princesse Mononoké
 
Pendant l’ère Muromachi, au Japon, Ashitaka, le prince de la tribu des Emishis, est frappé d'une malédiction après avoir tué un dieu sanglier devenu démon. La chamane du village le dit condamné à devenir lui-même un démon. Il part dans le but de « porter sur le monde un regard sans haine », espérant y trouver la source de sa malédiction et un moyen de s'en débarrasser. Il se retrouve mêlé à une guerre entre les esprits de la forêt, animaux gigantesques et doués de parole (auxquels il faut ajouter San, la princesse Mononoké élevée par la louve Moro), et deux partis humains aux intérêts contradictoires : Dame Eboshi, dirigeante du village des forges qui souhaite détruire la forêt afin de permettre la prospérité à son peuple, et les samouraïs du seigneur Hasano, cherchant à dominer le village des forges car jalousant son fer.
 

Princesse Mononoké
Réalisation : Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Musique : Joe Hisaishi
Production : Studio Ghibli, Tokuma Shoten, Nippon Television, Dentsu Music and Entertainment, Nibariki
Genre : Animation, Aventure, Drame, Fantasy
Titre en vo : Mononoke Hime
Pays d'origine : Japon
Langue d'origine : japonais
Date de sortie : 12 juillet 1997
Durée : 134 mn
 
Casting :
Yōji Matsuda : Ashitaka
Yuriko Ishida : San
Akihiro Miwa : Moro
Yūko Tanaka : Dame Eboshi
Tsunehiko Kamijô : Gonza
Kaoru Kobayashi : Jiko
Sumi Shimamoto : Toki
Hisaya Morishige : Okkoto
Masahiko Nishimura : Kohroku
 
Mon avis :
 N’y allons pas par quatre chemins et disons le tout net : selon moi, ce film d’animation est à mon avis le chef d'œuvre d'Hayao Miyazaki. Voilà, la chose est dite ; au moins, ainsi, vous savez par avance ce que j’en pense. Sortie en 1997 juste avant le magnifique Voyage de Chihiro, mais pas avant le fatidique, pour certains, an 2000 (vous vous souvenez du fameux bug ?) dans nos vertes contrées, Princesse Mononoké est une œuvre qui comporte les thèmes de prédilection de Miyazaki : légendes traditionnelles du Japon, conscience écologique, lutte entre l'Homme et la Nature, refus du manichéisme... On y suit les aventures du jeune prince Ashitaka, banni de son village à la suite de l'infection étrange qu'il reçu en combattant un curieux démon qui s’était emparé d’un sanglier géant doué de parole. Partant pour un voyage dans le Japon médiéval afin de découvrir qui est à la source de cette malédiction, il rencontrera un moine étrange et cupide, la grande dame Eboshi qui est à la tête d’un village de mineurs et de forgerons mais qui possède des cotés pour le moins philanthropiques (on s’aperçoit que les femmes du village sont toutes d’anciennes prostituées rachetées par Dame Eboshi), ainsi que San, la fameuse Princesse Mononoké qui vit parmi les loups et lutte pour défendre la grande Forêt. Le but d'Ashitaka est de « regarder sans haine » comme il est dit dans l’histoire, et devant cette lutte entre deux mondes, celui des humains et celui de la nature, apparemment irréconciliable, il ne cherchera pas à privilégier un seul point de vue, essayant de les concilier, tache ardue s’il en est. Princesse Mononoké nous montre donc l'ascension de l'homme face aux puissances ancestrales de la Nature, sans pour autant que le réalisateur cherche à nous convaincre que l'humanité est destructrice et mauvaise. Car ici, nous ne sommes pas le moins du monde dans un Disney, encore moins dans un quelconque film hollywoodien type : si vous êtes un adepte inconditionnel du manichéisme, cette œuvre de Miyazaki n’est pas pour vous. Mais si vous êtes un écolo pur et dur, une certaine partie de son message ne vous plaira peut être pas… Point de manichéisme ? En effet, les hommes, eux aussi issus de la Nature sont pleins de ressources telles que le désir de progrès, l'entraide et la quête d'un avenir meilleur pour les plus démunis. En face, nous découvrons le monde des anciens esprits de la Nature, guidés par le magnifique Dieu-Cerf de la Forêt, qui ne comprennent pas les hommes qui détruisent la Forêt et ne semblent avoir aucun respect pour ces entités millénaires. Ainsi, la jeune San, qui elle aussi est pourtant une humaine, est prête à tout pour stopper l'expansion des hommes, un conflit qui finira par mener à une terrible guerre. Et au cours de l’avancée de l’intrigue, le spectateur se surprend à trouver des points positifs dans les deux camps opposés, ce qui est pour le moins étonnant et accessoirement, rare : certes, le message écologique est fort, et l’on y adhère fortement ; après tout, comment ne pas prendre fait et cause pour cette foret ancestrale, magnifique, où errent des animaux que l’on pourrait qualifier de primordiaux, des dieux et des créatures féeriques des bois ? Mais d’un autre coté, comment ne pas éprouver de la sympathie pour ces villageois, travailleurs, courageux et drôles, et pour cette Dame Eboshi charismatique en diable, comme bon nombre des protagonistes de cette histoire, qui sous ses airs de dureté propre a son statut de chef, est presque une « mère » pour les villageois. Où l’on voit que tout n’est ni blanc, ni noir, même s’il y a bien quelques « méchants », les fameux samouraïs d’un quelconque seigneur de la guerre local ainsi que les envoyés de l’Empereur, et que du coup, prendre parti pour l’un des deux camps n’est pas chose aisée. La Nature est la Nature et il faut la préservée, cela va de soit ; mais au détriment de la vie humaine ? Les choses sont loin d’être aussi simples et sur ce point, Princesse Mononoké fonctionne à merveille. Techniquement, car il est temps d’en parler, le film est une splendeur. Les décors réalistes et magnifiques nous plongent dans un univers historiquement exact et empreint en même temps d'un profond mysticisme. L'animation des personnages et des créatures est époustouflantes et de nombreuses scènes d'actions sublimes entretiennent une incroyable tension tout le long du film. La musique de Hisaishi (ah, cette bande son, l’une des meilleurs qu’il m’ait été donné d’entendre dans une œuvre d’animation… j’avais même acheté la BO a l’époque de sa sortie) est parfaite et possède un grand sens épique. Les personnages, que cela soit le jeune prince Ashitaka prêt a tout pour réconcilier deux camps que tout oppose, San, la fille-louve, extrémiste dans ses sentiments au départ mais qui ne peut renier sa nature humaine, coincée qu’elle est entre deux mondes mais qui n’en choisira pas moins toujours celui de sa « mère » ou Dame Eboshi dont je vous ais parler un précédemment, sont tous charismatiques au possible, y compris les second couteaux, villageois, le moine, mais aussi, car il ne faut pas les oublier, loin de là, les fameux « animaux primordiaux », Moro la divinité louve, le vieux sanglier aveugle Ottoko mais aussi le Dieu-Cerf qui reste peut être coït pendant tout le film mais qui n’en dégage pas moins, malgré son apparence, un charisme peu commun. Quant au scénario, celui-ci est un modèle du genre : profondément intelligent et philosophique, présentant dans toute sa complexité les rapports de l'esprit humain aux forces du monde. On est donc immédiatement frappé par le génie visuel de l'œuvre ainsi que par sa portée intellectuelle qui mène à une réflexion nécessaire et gigantesque. Princesse Mononoké est donc le genre d'œuvre que l’on n’oublie jamais car elle laisse une trace profonde dans l'esprit de celui qui la voit, donnant le sentiment d'avoir assisté à un spectacle fascinant de beauté, de rage et de noblesse des sentiments. La réflexion qui s'en suit a une portée infinie, tant elle est au cœur de tous ceux qui se sont un jour posé la question de leur place dans le monde et de la responsabilité humaine par rapport à la planète. Princesse Mononoké est donc un des plus grands témoignages culturels modernes du Japon, un film fondamental et merveilleux, l'œuvre d'un authentique génie, Hayao Miyazaki, que je recommande donc fortement a tous ceux qui aiment le merveilleux, la rêverie, l’onirisme propre a ces paysages proposés et tout bonnement exceptionnels, mais aussi, tous ceux qui ne voient pas que de façon manichéenne, ceux qui n’ont pas peur de réfléchir et qui aiment qu’une œuvre, quel quelle soit, soit un peu plus qu’un simple divertissement. Bien évidement, pour ceux là, Princesse Mononoké est fait pour vous. J’avais découvert cette œuvre il y a prêt de dix ans, lors de sa sortie en France et j’en étais presque tombé amoureux. M’étant procuré le DVD a l’époque, cela faisait un certain temps que je n’avais pas eu l’occasion de le revoir mais là, sincèrement (et en VO pour la première fois, c’est toujours mieux), je viens de passer une excellente après midi… c’était presque comme si je le découvrais pour la première fois. En toute franchise, et sans exagérer, Princesse Mononoké est un vrai chef d’œuvre.
 

Points Positifs
 :
- Une magnifique fable écologique mais qui ne tombe jamais dans le fascisme vert puisque les deux points de vus, celui de la nature et celui des humains, sont abordés de la même manière avec leur qualités et leurs défauts. Bien sur, il y a une préférence pour le premier mais sans que l’on tombe dans l’excès.
- L’histoire en elle-même est magnifique avec ce héros déchiré entre deux mondes et qui ne souhaite qu’une chose, les réconcilier, cette fille louve indomptable et cette femme qui se moque complètement des anciens dieux et de la nature mais qui s’avère être une vrai mère pour les siens. Bref, ici, nous sommes à des années lumières du manichéisme traditionnel.
- Des personnages charismatiques : que ce soit les trois que je viens de citer ou le simple villageois, que ce soit l’esprit de la forêt ou le chef des sangliers, tous possèdent un petit quelque chose qui les rend attachants.
- Graphiquement, c’est une pure merveille et entre ses décors enchanteurs, ses personnages attachants, ses animaux primordiaux et ses esprits de la forêt, nos yeux ne peuvent qu’être émerveillés.
- Une bande originale à la hauteur de l’œuvre, c’est-à-dire, sublime.
- La poésie indéniable qui se dégage de l’ensemble, certains passages étant tout bonnement enchanteurs.
- Sans nul doute le chef d’œuvre de Miyazaki, qui n’a pas prit une ride, deux décennies plus tard et qui se revoit, encore et encore, sans le moindre problème.
 
Points Négatifs :
- Si vous êtes totalement allergique au cinéma d’animation ou bien un fasciste vert (bah oui, les humains aussi ont leur place dans cette œuvre), alors, passez votre chemin.
 
Ma note : 10/10

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