V pour Vendetta
V
pour Vendetta
Fin
du XXème siècle, le monde a sombré tragiquement depuis le déclenchement d'un
immense conflit nucléaire. Même si l'Angleterre à été épargnée, elle subit
cependant de plein fouet les désastreuses conséquences climatiques qui ravagent
son territoire et sèment la maladie et la famine. Des émeutes explosent un peu
partout. Pour mettre fin au chaos ambiant, un groupuscule fasciste s'empare du
pouvoir et met en place une purge des citoyens jugés déviants. Les opposants politiques,
les minorités ethniques ou bien encore les homosexuels sont arrêtés par
milliers et envoyés vers des camps de concentration, au cœur desquels des
sadiques de la pire espèce sévissent. La société, quant à elle, est surveillée
par le système qui contrôle tout et se charge des punitions arbitraires. Ainsi
en plein désarroi, la Jeune Evey Hammond accoste maladroitement un homme dans
la rue à la nuit tombée, afin de lui proposer son corps en échange d'un peu
d'argent pour survivre. Mais ce dernier lui révèle être un agent des mœurs en
planque et hélas les bonnes mœurs ont depuis bien longtemps été abandonnées par
la police locale. Evey échappe de peu à un viol collectif suite à l'apparition
impromptue d'un illuminé déguisé et masqué qui rosse les vilains tout en citant
du Shakespeare. En sécurité sur les toits de Londres, ils contemplent alors
ensemble l'impressionnante explosion du parlement de Westminster, suivie d'un
feu d'artifice balafrant le ciel d'un immense V. Vive l'Angleterre, la machine
vengeresse est en marche...
V pour Vendetta
Scénario : Alan Moore
Dessins
: David Lloyd
Encrage : David
Lloyd
Couleurs : David
Lloyd
Couverture : David
Lloyd
Genre : Politique,
Dystopie
Editeur
: Vertigo
Titre
en vo : V for Vendetta
Pays
d’origine : Etats-Unis
Parution
: 10
juin 1989
Langue
d’origine : anglais
Editeur
français : Urban Comics
Date
de parution : 27 mars 2020
Nombre
de pages : 400
Liste des
épisodes
V
for Vendetta 1-11
Mon
avis : Cela faisait quelques temps que je
ne vous parlais pas du génialissime Alan Moore, sans aucun doute possible, le
plus grand auteur de comics de ces quatre dernières décennies et
qui, au fil du temps, nous aura proposé moult chef d’œuvres incontestables
comme Watchmen ou La
Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Et donc, profitant de cette
période estivale, je me suis dit que l’occasion était parfaite pour me lancer
dans la lecture d’autres titres majeurs du Sorcier de Northampton, surtout que,
mine de rien, parmi ces derniers, il y avait quelques magnifiques pépites, des
incontournables comme ce fameux V pour Vendetta dont
je vais vous parler aujourd’hui. Nous sommes à la fin des années 90 et, une
décennie auparavant, le monde a connu un conflit nucléaire qui ne l’aura pas
dévasté totalement. L’Angleterre s’en est plus ou moins sortit mais un régime
dictatorial s’est installé et tient, comme il fallait s'y attendre, sous sa joug le peuple,
écrasant celui-ci sous une poigne de fer. Pourtant, alors que l’avenir apparait
bien sombre, un homme sans nom, sans visage, apparait et lutte seul contre le
régime en place, commettant des attentats et des meurtres de personnalités. Cet
homme qui se fait appeler V souhaite rendre le pouvoir au peuple, du moins, si
celui-ci en est digne… En partant de ce postulat de départ qui pourrait flirter
allègrement avec un certain 1984 de
George Orwell chef d’œuvre absolu du genre dystopique, Alan Moore nous livre
avec V pour Vendetta probablement ce qui est la BD qui
retranscrit avec le plus de justesse la dictature. Imaginant ce qu’aurait put
donner les iles britanniques sous un régime fasciste, l’auteur nous offre un
récit oppressant, menaçant et suffisamment solide pour sortir définitivement du
simple carcan grand public un peu stupide où est relégué, en temps normal,
l’amateur de comics. Bien évidement, avec Watchmen, Alan Moore nous
avait déjà prouvé que le genre n’était pas réservé aux super-slips et que, même
en mettant en scène ces derniers, il y avait matière à nous en proposer une
vision plus intelligente. Avec V pour Vendetta, Moore va encore
plus loin puisque, ici, non seulement V n’a pas grand-chose a voir avec les
super-héros – en dehors du fait qu’il porte un masque – mais que, en plus,
l’ennemi, dans ce récit, est autrement plus redoutable qu’un quelconque pantin
costumé puisqu’il s’agit de politiciens – après tout, faut-il rappeler les
millions de morts causés, au vingtième siècle, par les diverses dictatures,
quelles soient de gauche comme de droite ? Qui plus est, le propos d’Alan
Moore est de nous montrer que, davantage que les capacités d’un homme a lutter
contre le mal, ce qui compte, c’est avant toute chose, une idée, un
symbole : après tout, un être humain peut être tué. Un symbole, lui, ne
meurt pas. Et c’est probablement cela qui fait aussi la réussite de ce V
pour Vendetta, une œuvre intelligente et, finalement, moins manichéenne
qu’on pourrait le penser de prime abord puisque, dans celle-ci, certains des
membres du pouvoir en place sont loin d’être des salauds et il y a même des
victimes parmi eux. De même, à aucun moment Alan Moore ne glorifie les actes de
V et même si l’on sent l’attrait de l’auteur pour l’anarchisme, il laisse le
soin au lecteur de se faire sa propre opinion sur les agissements du justicier
masqué… Bref, vous l’avez compris, V pour Vendetta est une
œuvre majeure de la bande dessinée britannique et, incontestablement, un
incontournable que tout amateur de comics se doit de lire au moins une fois
dans sa vie. Après, il faut reconnaitre que ses thématiques, son propos et le
style particulier d’Alan Moore qui est davantage un écrivain qu’un simple
scénariste risque de ne pas plaire à tout le monde, mais bon, cela reste une
affaire de gouts personnels comme c’est le cas avec pas mal d’œuvres géniales,
tous genres confondus…
Points
Positifs :
- Incontestablement, V
pour Vendetta est la bande dessinée la plus intelligente qui ait été
écrite au sujet de la dictature : œuvre d’une profondeur rare, plausible
et pas manichéenne pour un sou, nous avons là une des plus belles créations du
sieur Alan Moore ! Bref, un petit chef d’œuvre du Neuvième Art…
-
Si V apparait comme étant, naturellement, le protagoniste phare de cette BD et
qu’il écrase tous les autres de par son charisme, il faut reconnaitre que les
autres personnages marquent également les esprits : Evey, bien entendu,
mais aussi une bonne partie des membres du régime qui sont particulièrement
bien développés plutôt que d’être de simples coquilles vides…
-
Un récit découpé en trois actes, comme au théâtre et si le second est peut-être
le moins aboutit, l’ensemble n’en reste pas moins réussi et captivant de bout
en bout.
-
Un être humain peut être tué. Un symbole, lui, ne meurt pas. Voilà ce qui
ressort principalement de ce V pour Vendetta et, ma foi, cela
résume plutôt bien ce comics.
-
En effet, certains peuvent trouver que le style de David Lloyd accuse son âge,
cependant, si vous êtes un peu agé comme moi – bref, dans les 40 ou 50 ans – et
que vous êtes familier du style de l’époque, alors, vous serez probablement
plus enclin a apprécier les dessins d’un artiste nettement plus talentueux
qu’on pourrait le penser de prime abord.
Points
Négatifs :
-
Comme souvent chez Moore, posséder de bonnes connaissances en histoire s’avère
nécessaire pour mieux saisir toutes les subtilités de ce V pour
Vendetta, sans parler, bien entendu, des nombreuses références qui
parsèment les presque 400 pages de cet album.
-
Une œuvre absolument pas grand public et qui risque de déstabiliser un public
que l’on qualifiera de moderne.
-
Certains estimeront que le style de David Lloyd accuse un peu son âge est un
trop typé années 80. Naturellement, cela reste une affaire de gouts personnels…
Ma
note : 8,5/10
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