Munich
Lors
des Jeux olympiques d'été de 1972 à Munich, le groupe terroriste palestinien
Septembre Noir tue onze membres de l'équipe olympique israélienne. Avner
Kaufman, un agent du Mossad d'origine juive allemande, est choisi pour diriger
l'Opération Colère de Dieu, mission visant à assassiner onze Palestiniens
impliqués dans le massacre. Sur les instructions d'Ephraïm, son supérieur
hiérarchique, afin de donner au gouvernement israélien un démenti plausible,
Kaufman démissionne du Mossad et opère sans lien officiel avec Israël. Son
équipe comprend quatre volontaires juifs du monde entier : Steve, chauffeur
sud-africain, Robert, fabricant belge de jouets et expert en explosifs, Carl,
ancien soldat israélien et nettoyeur, et Hans, faussaire danois. Ils reçoivent
des informations d'un informateur français, Louis.
Munich
Réalisation : Steven
Spielberg
Scénario : Tony
Kushner et Eric Roth, d'après le roman de George Jonas
Musique : John
Williams
Production : DreamWorks
Pictures, Universal Pictures, Amblin Entertainment
Genre : Espionage,
Drame, Historique
Titre
en vo : Munich
Pays
d'origine : États-Unis, Canada
Langue
d'origine : anglais, allemand, français,
hébreu, arabe, italien, grec, russe
Date
de sortie : 23 décembre 2005
Durée : 163
mn
Casting :
Eric
Bana : Avner Kaufmann
Daniel
Craig : Steve
Ciarán
Hinds : Carl
Mathieu
Kassovitz : Robert
Hanns
Zischler : Hans
Geoffrey
Rush : l'officier du Mossad
Ephraïm
Michael
Lonsdale : « Papa », le père de Louis
Mathieu
Amalric : Louis, informateur
français, le fils de « Papa »
Marie-Josée
Croze : Jeannette, la tueuse à
gage
Igal
Naor : Mahmoud Hamchari
Hiam
Abbass : Marie Claude Hamchari
Moritz
Bleibtreu : Andreas
Yvan
Attal : Tony, l'ami d'Andreas
Meret
Becker : Yvonne
Karim
Saleh : Issa
Omar
Metwally : Ali
Mostéfa
Djadjam : Hussein Abad Al-Chir
Anouk
Hamel : la petite fille
Gila
Almagor : la mère d'Avner
Valeria
Bruni-Tedeschi : Sylvie, la
femme de Louis
Ayelet
Zurer : Daphna
Ami
Weinberg : le général
Zamir
Lynn
Cohen : Golda Meir
Souad
Amidou : la femme de Yussef
Mehdi
Nebbou : Ali Hassan Salameh
Arnaud
Marciszewer : un jeune homme
Jalil
Naciri : un reporter arabe à Munich
Laurence
Février : la femme de « Papa »
Mahmoud
Zemmouri : un vieil homme
libanais
Makram
Khoury : Wael Zwaiter
Ula
Tabari : une Palestinienne qui
regarde la télévision
Stéphane
Freiss : le journaliste français
couvrant la prise d'otage à Munich
Karim
Saidi : Denawi, un terroriste
palestinien
Sasha
Spielberg : la jeune
Israélienne regardant la télévision
Djemel
Barek : Zaid Muchassi
Mon
avis : Je pense ne pas me tromper et
encore moins exagérer en affirmant que le sieur Steven Spielberg est un des
plus grands réalisateurs américains de la fin du vingtième siècle et que,
encore actuellement, même s’il se fait plus rare derrière la caméra, il n’a
rien perdu de sa superbe. Et donc, après vous avoir parlé de La Liste de Schindler,
il y a de cela quelques mois, et qui, pour rappel, est un chef d’œuvre absolu,
je reviens aujourd’hui avec une autre réalisation du maitre qui possède bien
des points communs avec celui-ci, je veux, bien entendu, parler de Munich. Les Jeux Olympiques ayant
débutés il y a quelques jours à peine, je me suis dit que l’occasion était trop
belle pour revenir sur ce long métrage paru en 2005 et que je n’avais vu qu’une
fois, sensiblement une ou deux années plus tard. La raison ? Disons que,
pour rappel, lors des Jeux Olympiques de Munich, en 1972, un commando
palestinien, Septembre Noir, lié a l’OLP, attaqua la délégation israélienne
dans le village olympique, pris 11 athlètes en otage avant d’assassiner
froidement ces derniers. Un drame absolu qui ne mit nullement fin aux Jeux, le
show, comme chacun sait, devant continuer… Et donc, si Munich débute naturellement par ce drame, ce que traite ce film,
c’est ce qui se déroula ensuite. Pour analyser clairement ce nouveau film de
Spielberg, il convient de le mettre en parallèle à l'œuvre phare du
réalisateur, La Liste de Schindler.
En s'attaquant à la Shoah, le cinéaste triomphait doublement. D'une part, il
prouvait qu'il était autre chose qu'un entertainer haut de gamme (apparemment,
certains en doutaient). Mais surtout il démontrait que même en parlant d'un
sujet aussi horrible et bouleversant, il savait distiller une ambigüité
inattendue. Avec son héros, profiteur aveugle qui se trouvait une conscience.
Ou tout simplement d'Amon Göth, qui laissait transparaître l'humain derrière le
bourreau nazi. Comment qualifier ces deux personnages, d'une complexité
remarquable, qui rendaient le film encore plus passionnant ? Eh bien, on se
surprend à établir le même constat entre les protagonistes de Munich. En une seule réplique, les scénaristes Tony Kushner et Eric Roth mettent le
doigt sur l'absurdité de la besogne d'Avner et de ses hommes. En qualifiant les
différents attentats auxquels se livrent les deux camps de dialogue, le film
résume parfaitement le non-sens de ce conflit opposant Israël à la Palestine.
Un dialogue sans parole ni échange, mais parsemé de bombes et fusillades. Où
trouver de l'espoir dans une telle configuration ? On le cherche, il apparait
subrepticement. Par moments, il se glisse derrière la lucidité froide de Carl
(Ciarán Hinds, impérial), dans le regard résigné de Hans (Hanns Zischler,
fantastique) ou l'incertitude patente de Robert (Mathieu Kassovitz, touchant). Mais
généralement, il prend l'apparence d'Avner, superbement campé par Eric Bana.
Mais le vengeur du Mossad est un Janus à deux visages. L'une de ses faces est
obnubilée par le passé, l'attentat, qu'il ne distinguera clairement qu'à la
fin. Et l'autre ne voit pas plus loin que sa mission, si tant est qu'elle
puisse s'arrêter un jour. Ainsi, sans grande surprise, Munich est un film noir,
incroyablement noir. Si les rais de lumière se frayent un passage de temps à
autre, lors d'une cohabitation bon gré mal gré, ils ne durent jamais.
L'obscurité domine. Le sentiment de malaise persiste, et culmine lors d'une
séquence intime où pulsions de mort et pulsions de vie s'étreignent jusqu'à
implosion. Bref, vous l’avez compris, Munich
fait partie des meilleurs travaux du sieur Spielberg : celui-ci n'a pas
son pareil pour poser le contexte, amener l'élément perturbateur qui bloque la
mécanique, et laisser son sens de l'image resserrer l'étau impitoyablement. Il
sait également jouer avec l'attente ou les ruptures, en coupant volontairement
la musique afin de laisser les sons et mouvements faire monter naturellement le
suspense. Chaque scène cloue au fauteuil avec une efficacité telle qu'on ne
peut tirer que ce constat : Spielberg n'est pas le Maître pour rien. Peut-on
tiquer sur l'absence de parti pris de Munich
? Mais son absence n'est-elle déjà pas un parti pris éloquent ? On a souvent
taxé injustement le cinéaste de naïf, mais ce film démontre sa grande
intelligence quand il s'agit de regarder en face l'horreur de la realpolitik et
de ses glaçantes répercussions sur l'avenir, un avenir qui, comme chacun sait,
n’en n’est devenu que plus dramatique depuis un certain 7 octobre dernier…
Points
Positifs :
-
Un excellent film du grand Steven Spielberg – un de plus me direz vous – qui
confirme une fois de plus son immense talent et sa maitrise absolue d’une réalisation
inventive et sans la moindre faille.
-
Naturellement, Munich, de par sa
thématique, est à reprocher de La Liste
de Schindler qui reste néanmoins le chef d’œuvre absolu du sieur Spielberg.
-
Un film loin d’être aussi conventionnel que l’on pourrait le penser de prime
abord et où prime une certaine ambigüité quand aux actes des divers
protagonistes, chaque camp, finalement, ne cessant de se répondre par le sang,
causant moult victimes sans que l’on puisse entrevoir une quelconque solution a
une paix durable.
-
Un casting haut en couleur avec un excellent Eric Bana, un Daniel Craig qui
n’était pas encore James Bond et quelques petits français comme Mathieu
Kassovitz, Michael Lonsdale, Mathieu Amalric, Marie-Josée Croze et Yvan Attal.
-
Petite apparition de Meret Becker que les fans d’Einstürzende Neubauten
connaissent bien.
-
John Williams livre, comme à son habitude, une prestation de haute volée.
Points Négatifs :
-
Jusqu’au boutiste palestiniens et israéliens n’ont pas vraiment apprécié ce
film, ce qui peut se comprendre vu que celui-ci est bien plus complexe qu’on
pourrait le penser de prime abord.
-
Si vous êtes un critique de cinéma parisien abonné aux Cahiers du
Cinéma, si vous faites parti des tout derniers lecteurs de Libération,
si vous êtes un membre de la France Insoumise, si vous êtes un antisémite ou si
vous êtes un intégriste musulman, vous risquer de ne guère apprécier ce film…
Ma note : 8/10
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