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mardi 30 juillet 2024

Munich


Munich
 
Lors des Jeux olympiques d'été de 1972 à Munich, le groupe terroriste palestinien Septembre Noir tue onze membres de l'équipe olympique israélienne. Avner Kaufman, un agent du Mossad d'origine juive allemande, est choisi pour diriger l'Opération Colère de Dieu, mission visant à assassiner onze Palestiniens impliqués dans le massacre. Sur les instructions d'Ephraïm, son supérieur hiérarchique, afin de donner au gouvernement israélien un démenti plausible, Kaufman démissionne du Mossad et opère sans lien officiel avec Israël. Son équipe comprend quatre volontaires juifs du monde entier : Steve, chauffeur sud-africain, Robert, fabricant belge de jouets et expert en explosifs, Carl, ancien soldat israélien et nettoyeur, et Hans, faussaire danois. Ils reçoivent des informations d'un informateur français, Louis.
 

Munich
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Tony Kushner et Eric Roth, d'après le roman de George Jonas
Musique : John Williams
Production : DreamWorks Pictures, Universal Pictures, Amblin Entertainment
Genre : Espionage, Drame, Historique
Titre en vo : Munich
Pays d'origine : États-Unis, Canada
Langue d'origine : anglais, allemand, français, hébreu, arabe, italien, grec, russe
Date de sortie : 23 décembre 2005
Durée : 163 mn

Casting :
Eric Bana : Avner Kaufmann
Daniel Craig : Steve
Ciarán Hinds : Carl
Mathieu Kassovitz : Robert
Hanns Zischler : Hans
Geoffrey Rush : l'officier du Mossad Ephraïm
Michael Lonsdale : « Papa », le père de Louis
Mathieu Amalric : Louis, informateur français, le fils de « Papa »
Marie-Josée Croze : Jeannette, la tueuse à gage
Igal Naor : Mahmoud Hamchari
Hiam Abbass : Marie Claude Hamchari
Moritz Bleibtreu : Andreas
Yvan Attal : Tony, l'ami d'Andreas
Meret Becker : Yvonne
Karim Saleh : Issa
Omar Metwally : Ali
Mostéfa Djadjam : Hussein Abad Al-Chir
Anouk Hamel : la petite fille
Gila Almagor : la mère d'Avner
Valeria Bruni-Tedeschi : Sylvie, la femme de Louis
Ayelet Zurer : Daphna
Ami Weinberg : le général Zamir
Lynn Cohen : Golda Meir
Souad Amidou : la femme de Yussef
Mehdi Nebbou : Ali Hassan Salameh
Arnaud Marciszewer : un jeune homme
Jalil Naciri : un reporter arabe à Munich
Laurence Février : la femme de « Papa »
Mahmoud Zemmouri : un vieil homme libanais
Makram Khoury : Wael Zwaiter
Ula Tabari : une Palestinienne qui regarde la télévision
Stéphane Freiss : le journaliste français couvrant la prise d'otage à Munich
Karim Saidi : Denawi, un terroriste palestinien
Sasha Spielberg : la jeune Israélienne regardant la télévision
Djemel Barek : Zaid Muchassi
 
Mon avis :
 Je pense ne pas me tromper et encore moins exagérer en affirmant que le sieur Steven Spielberg est un des plus grands réalisateurs américains de la fin du vingtième siècle et que, encore actuellement, même s’il se fait plus rare derrière la caméra, il n’a rien perdu de sa superbe. Et donc, après vous avoir parlé de La Liste de Schindler, il y a de cela quelques mois, et qui, pour rappel, est un chef d’œuvre absolu, je reviens aujourd’hui avec une autre réalisation du maitre qui possède bien des points communs avec celui-ci, je veux, bien entendu, parler de Munich. Les Jeux Olympiques ayant débutés il y a quelques jours à peine, je me suis dit que l’occasion était trop belle pour revenir sur ce long métrage paru en 2005 et que je n’avais vu qu’une fois, sensiblement une ou deux années plus tard. La raison ? Disons que, pour rappel, lors des Jeux Olympiques de Munich, en 1972, un commando palestinien, Septembre Noir, lié a l’OLP, attaqua la délégation israélienne dans le village olympique, pris 11 athlètes en otage avant d’assassiner froidement ces derniers. Un drame absolu qui ne mit nullement fin aux Jeux, le show, comme chacun sait, devant continuer… Et donc, si Munich débute naturellement par ce drame, ce que traite ce film, c’est ce qui se déroula ensuite. Pour analyser clairement ce nouveau film de Spielberg, il convient de le mettre en parallèle à l'œuvre phare du réalisateur, La Liste de Schindler. En s'attaquant à la Shoah, le cinéaste triomphait doublement. D'une part, il prouvait qu'il était autre chose qu'un entertainer haut de gamme (apparemment, certains en doutaient). Mais surtout il démontrait que même en parlant d'un sujet aussi horrible et bouleversant, il savait distiller une ambigüité inattendue. Avec son héros, profiteur aveugle qui se trouvait une conscience. Ou tout simplement d'Amon Göth, qui laissait transparaître l'humain derrière le bourreau nazi. Comment qualifier ces deux personnages, d'une complexité remarquable, qui rendaient le film encore plus passionnant ? Eh bien, on se surprend à établir le même constat entre les protagonistes de Munich. En une seule réplique, les scénaristes Tony Kushner et Eric Roth mettent le doigt sur l'absurdité de la besogne d'Avner et de ses hommes. En qualifiant les différents attentats auxquels se livrent les deux camps de dialogue, le film résume parfaitement le non-sens de ce conflit opposant Israël à la Palestine. Un dialogue sans parole ni échange, mais parsemé de bombes et fusillades. Où trouver de l'espoir dans une telle configuration ? On le cherche, il apparait subrepticement. Par moments, il se glisse derrière la lucidité froide de Carl (Ciarán Hinds, impérial), dans le regard résigné de Hans (Hanns Zischler, fantastique) ou l'incertitude patente de Robert (Mathieu Kassovitz, touchant). Mais généralement, il prend l'apparence d'Avner, superbement campé par Eric Bana. Mais le vengeur du Mossad est un Janus à deux visages. L'une de ses faces est obnubilée par le passé, l'attentat, qu'il ne distinguera clairement qu'à la fin. Et l'autre ne voit pas plus loin que sa mission, si tant est qu'elle puisse s'arrêter un jour. Ainsi, sans grande surprise, Munich est un film noir, incroyablement noir. Si les rais de lumière se frayent un passage de temps à autre, lors d'une cohabitation bon gré mal gré, ils ne durent jamais. L'obscurité domine. Le sentiment de malaise persiste, et culmine lors d'une séquence intime où pulsions de mort et pulsions de vie s'étreignent jusqu'à implosion. Bref, vous l’avez compris, Munich fait partie des meilleurs travaux du sieur Spielberg : celui-ci n'a pas son pareil pour poser le contexte, amener l'élément perturbateur qui bloque la mécanique, et laisser son sens de l'image resserrer l'étau impitoyablement. Il sait également jouer avec l'attente ou les ruptures, en coupant volontairement la musique afin de laisser les sons et mouvements faire monter naturellement le suspense. Chaque scène cloue au fauteuil avec une efficacité telle qu'on ne peut tirer que ce constat : Spielberg n'est pas le Maître pour rien. Peut-on tiquer sur l'absence de parti pris de Munich ? Mais son absence n'est-elle déjà pas un parti pris éloquent ? On a souvent taxé injustement le cinéaste de naïf, mais ce film démontre sa grande intelligence quand il s'agit de regarder en face l'horreur de la realpolitik et de ses glaçantes répercussions sur l'avenir, un avenir qui, comme chacun sait, n’en n’est devenu que plus dramatique depuis un certain 7 octobre dernier…
 

Points Positifs
 :
- Un excellent film du grand Steven Spielberg – un de plus me direz vous – qui confirme une fois de plus son immense talent et sa maitrise absolue d’une réalisation inventive et sans la moindre faille.
- Naturellement, Munich, de par sa thématique, est à reprocher de La Liste de Schindler qui reste néanmoins le chef d’œuvre absolu du sieur Spielberg.
- Un film loin d’être aussi conventionnel que l’on pourrait le penser de prime abord et où prime une certaine ambigüité quand aux actes des divers protagonistes, chaque camp, finalement, ne cessant de se répondre par le sang, causant moult victimes sans que l’on puisse entrevoir une quelconque solution a une paix durable.
- Un casting haut en couleur avec un excellent Eric Bana, un Daniel Craig qui n’était pas encore James Bond et quelques petits français comme Mathieu Kassovitz, Michael Lonsdale, Mathieu Amalric, Marie-Josée Croze et Yvan Attal.
- Petite apparition de Meret Becker que les fans d’Einstürzende Neubauten connaissent bien.
- John Williams livre, comme à son habitude, une prestation de haute volée.

Points Négatifs :
- Jusqu’au boutiste palestiniens et israéliens n’ont pas vraiment apprécié ce film, ce qui peut se comprendre vu que celui-ci est bien plus complexe qu’on pourrait le penser de prime abord.
- Si vous êtes un critique de cinéma parisien abonné aux Cahiers du Cinéma, si vous faites parti des tout derniers lecteurs de Libération, si vous êtes un membre de la France Insoumise, si vous êtes un antisémite ou si vous êtes un intégriste musulman, vous risquer de ne guère apprécier ce film…

Ma note : 8/10

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