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mardi 26 novembre 2024

Sans Filtre


Sans Filtre
 
Un couple de mannequins et influenceurs, Carl et Yaya, dîne au restaurant. Carl fait remarquer à Yaya qu'elle était censée payer la note. Yaya n'y attache aucune importance. Le ton monte, et Carl s'énerve en remarquant que dans un des seuls milieux sociaux où les femmes gagnent plus que les hommes, elle reproduit les stéréotypes de genre en trouvant normal qu'un homme paye le restaurant à une femme. Le couple se retrouve embarqué sur un navire de croisière de luxe, et découvre un monde de parvenus enrichis par la vente d'armes ou d'engrais, et où les femmes entretenues par les milliardaires tiennent un rôle décoratif.
 

Sans Filtre
Réalisation : Ruben Östlund
Scénario : Gabriel de Knoop, Daphne Koutra
Musique : Mikkel Maltha, Leslie Ming
Production : 30West, Arte France Cinéma, BBC Films, Bord Cadre Films
Genre : Comédie satirique
Titre en vo : Triangle of Sadness
Pays d'origine : Suède, France, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis
Langue d'origine : anglais, suédois, allemand, français, grec, tagalog, akan
Date de sortie : 28 septembre 2022
Durée : 149 mn
 
Casting :
Harris Dickinson : Carl
Charlbi Dean : Yaya
Dolly de Leon : Abigail
Zlatko Burić : Dimitry
Woody Harrelson : le capitaine Thomas Smith
Iris Berben : Therese
Vicki Berlin : Paula, commandante de bord
Henrik Dorsin : Jormo Björkman
Mia Benson : la cliente qui se plaint des voiles sales
Arvin Kananian : Darius, second du capitaine
Jean-Christophe Folly : Nelson, alias « Pirate »
Amanda Walker : Clementine, une de clientes fortunées
Oliver Ford Davies : Winston, le mari de Clementine, fabricant d'armes
Carolina Gynning : Ludmilla
Sunnyi Melles : Vera, une fortunée russe
Alicia Eriksson : Alicia, une des hôtesses du yacht
Thobias Thorwid : Lewis
Camilla Läckberg : elle-même
 
Mon avis :
 Les amateurs les plus éclairés du Septième Art le savent bien, Ruben Ôstlund, suédois de son état, est, depuis quelques années, un des réalisateurs les plus intéressants du milieu, même si, il faut le reconnaitre, ses longs métrages, de par leurs spécificités, sont loin d’être destinés au grand public, loin de là. Cependant, n’allez pas croire que le sieur Ôstlund fasse partie de ces réalisateurs ennuyeux qui ne savent que nous pondre des œuvres prétentieuses, non, le suédois possède non seulement un talent pour le moins certain mais, surtout, sait en user pour nous proposer de fort belles critiques sociales, le tout, avec une certaine dose d’humour. Ainsi, prenons donc ce Sans Filtre (traduction pour le moins contestable de Triangle of Sadness), Palme d’Or du Festival de Cannes 2022 et qui est une fort belle charge envers la nature humaine, surtout lorsque cette dernière est vue à travers ses bassesses et sa médiocrité. Ici, tout le monde en prend pour son grade, ou presque, de ce couple de mannequins influenceurs qui pinaillent sur qui devrait payer l’adition au restaurant, ce, dans un microcosme où, pour une fois, les femmes gagnent nettement plus d’argent que les hommes, jusqu’à ce vieux couple de fabriquant d’armes qui ont fait leur fortune sur la mort de milliers de victimes de par le monde en passant par ce vieux chef d’entreprise russe anticommuniste, ce milieu où les femmes ne sont que des objets mais aussi cette femme de ménage philippine qui va, par la force des choses, devenir indispensable et qui va, elle aussi, le pouvoir aidant, tomber en quelque sorte dans le coté obscur, force est de constater que le monde décrit par Ruben Ôstlund n’est pas très joli. Cependant, a bien y regarder, celui-ci est le notre et avec ce film, nous sommes nettement plus loin que dans une simple charge envers le capitalisme, loin de là : disons plutôt que Sans Filtre nous démontre, avec humour et justesse, que l’homme est un salaud pour l’homme et que la femme, et bien, comment dire, disons qu’elle ne vaut guère mieux ! Naturellement, de par ses nombreux excès ou alors, probablement par ce que ce film n’est guère tendre envers une certaine intelligentsia donneuse de leçons – le fameux camp du bien – Sans Filtre n’est pas une œuvre qui plaira à tout le monde et certaines scènes, complètement folles, qui surviennent pendant le fameux diner du capitaine, n’arrangeront pas les choses. Cependant, si vous accrochez au concept, si vous ne vous sentez pas spécialement visé par le propos du film ou bien, pourquoi pas, si vous ne vous faites guères d’illusion sur vous-même, ce long métrage de Ruben Ôstlund, oh combien jubilatoire, vous ravira grandement. Provoquant, sans concessions, terriblement drôle et peu amène sur l’humanité en général, Sans Filtre est une véritable petite merveille qui pointe du doigt toute la bassesse de l’âme humaine et ce, de fort belle manière. Certains, outrés, passeront leur chemins, ce, probablement de peur de se reconnaitre, les autres, eux, d’une manière jubilatoire, y prendront leur pied tout en louant le talent d’un réalisateur décidément pas comme les autres…
 

Points Positifs
 :
- Magnifique charge envers toute la bassesse de l’âme humaine, Sans Filtre est un excellent long métrage, franchement barré, qui ose, de fort belle manière, pointer du doigt tous les défauts des puissants mais aussi de ceux qui, par les aléas de la vie, pourraient le devenir. Un véritable petit brulot comme Ruben Ôstlund sait nous en offrir.
- Influenceurs, fabriquant d’armes, monde de la mode, nouveaux riches russes mais aussi employés qui ne rêvent que d’un beau pourboire et même une femme de ménage qui, subitement, prend le pouvoir en devenant indispensable, tout le monde en prend pour son grade dans ce film décidément guère tendre pour le genre humain.
- La scène du diner du commandant est un grand moment de n’importe quoi qui mérite presque, a elle toute seule, le visionnage de ce film !
- Le commandant du navire, parlons en : alcoolique finit, communiste primaire, celui-ci est grandiose dans sa médiocrité.
- Un casting peu connu dans l’ensemble, en dehors de quelques noms, mais qui fait parfaitement le job.
 
Points Négatifs :
- Bien entendu, Sans Filtre est un film qui ne plaira pas à tout le monde et qui n’est absolument pas grand public pour un sou.
- Certaines scènes, comme l’épidémie de vomie et l’explosion de caca, ne sont pas faites pour tout le monde…
- Certains risquent de tiquer en se reconnaissant dans les personnages ou le microcosme pointé du doigt dans ce long métrage et, naturellement, je ne parle par des ultra-riches qui, de toute façon, ont d’autres chats à fouetter que de regarder un film de Ruben Ôstlund.
 
Ma note : 8/10

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