Sans Filtre
Sans
Filtre
Un
couple de mannequins et influenceurs, Carl et Yaya, dîne au restaurant. Carl
fait remarquer à Yaya qu'elle était censée payer la note. Yaya n'y attache
aucune importance. Le ton monte, et Carl s'énerve en remarquant que dans un des
seuls milieux sociaux où les femmes gagnent plus que les hommes, elle reproduit
les stéréotypes de genre en trouvant normal qu'un homme paye le restaurant à
une femme. Le couple se retrouve embarqué sur un navire de croisière de luxe,
et découvre un monde de parvenus enrichis par la vente d'armes ou d'engrais, et
où les femmes entretenues par les milliardaires tiennent un rôle décoratif.
Sans Filtre
Réalisation : Ruben
Östlund
Scénario : Gabriel
de Knoop, Daphne Koutra
Musique : Mikkel
Maltha, Leslie Ming
Production : 30West,
Arte France Cinéma, BBC Films, Bord Cadre Films
Genre : Comédie
satirique
Titre
en vo : Triangle of Sadness
Pays
d'origine : Suède, France, Allemagne,
Royaume-Uni, Etats-Unis
Langue
d'origine : anglais, suédois, allemand,
français, grec, tagalog, akan
Date
de sortie : 28 septembre 2022
Durée : 149
mn
Casting :
Harris
Dickinson : Carl
Charlbi
Dean : Yaya
Dolly
de Leon : Abigail
Zlatko
Burić : Dimitry
Woody
Harrelson : le capitaine
Thomas Smith
Iris
Berben : Therese
Vicki
Berlin : Paula, commandante de bord
Henrik
Dorsin : Jormo Björkman
Mia
Benson : la cliente qui se plaint
des voiles sales
Arvin
Kananian : Darius, second
du capitaine
Jean-Christophe
Folly : Nelson, alias « Pirate »
Amanda
Walker : Clementine, une de
clientes fortunées
Oliver
Ford Davies : Winston, le
mari de Clementine, fabricant d'armes
Carolina
Gynning : Ludmilla
Sunnyi
Melles : Vera, une fortunée russe
Alicia
Eriksson : Alicia, une
des hôtesses du yacht
Thobias
Thorwid : Lewis
Camilla
Läckberg : elle-même
Mon
avis : Les amateurs les plus éclairés du
Septième Art le savent bien, Ruben Ôstlund, suédois de son état, est, depuis
quelques années, un des réalisateurs les plus intéressants du milieu, même si,
il faut le reconnaitre, ses longs métrages, de par leurs spécificités, sont
loin d’être destinés au grand public, loin de là. Cependant, n’allez pas croire
que le sieur Ôstlund fasse partie de ces réalisateurs ennuyeux qui ne savent
que nous pondre des œuvres prétentieuses, non, le suédois possède non seulement
un talent pour le moins certain mais, surtout, sait en user pour nous proposer
de fort belles critiques sociales, le tout, avec une certaine dose d’humour.
Ainsi, prenons donc ce Sans Filtre (traduction
pour le moins contestable de Triangle of
Sadness), Palme d’Or du Festival
de Cannes 2022 et qui est une fort belle charge envers la nature humaine,
surtout lorsque cette dernière est vue à travers ses bassesses et sa médiocrité.
Ici, tout le monde en prend pour son grade, ou presque, de ce couple de mannequins
influenceurs qui pinaillent sur qui devrait payer l’adition au restaurant, ce,
dans un microcosme où, pour une fois, les femmes gagnent nettement plus d’argent
que les hommes, jusqu’à ce vieux couple de fabriquant d’armes qui ont fait leur
fortune sur la mort de milliers de victimes de par le monde en passant par ce
vieux chef d’entreprise russe anticommuniste, ce milieu où les femmes ne sont
que des objets mais aussi cette femme de ménage philippine qui va, par la force
des choses, devenir indispensable et qui va, elle aussi, le pouvoir aidant,
tomber en quelque sorte dans le coté obscur, force est de constater que le
monde décrit par Ruben Ôstlund n’est pas très joli. Cependant, a bien y regarder,
celui-ci est le notre et avec ce film, nous sommes nettement plus loin que dans
une simple charge envers le capitalisme, loin de là : disons plutôt que Sans Filtre nous démontre, avec humour
et justesse, que l’homme est un salaud pour l’homme et que la femme, et bien,
comment dire, disons qu’elle ne vaut guère mieux ! Naturellement, de par
ses nombreux excès ou alors, probablement par ce que ce film n’est guère tendre
envers une certaine intelligentsia donneuse de leçons – le fameux camp du bien –
Sans Filtre n’est pas une œuvre qui
plaira à tout le monde et certaines scènes, complètement folles, qui
surviennent pendant le fameux diner du capitaine, n’arrangeront pas les choses.
Cependant, si vous accrochez au concept, si vous ne vous sentez pas
spécialement visé par le propos du film ou bien, pourquoi pas, si vous ne vous
faites guères d’illusion sur vous-même, ce long métrage de Ruben Ôstlund, oh
combien jubilatoire, vous ravira grandement. Provoquant, sans concessions,
terriblement drôle et peu amène sur l’humanité en général, Sans Filtre est une véritable petite merveille qui pointe du doigt
toute la bassesse de l’âme humaine et ce, de fort belle manière. Certains,
outrés, passeront leur chemins, ce, probablement de peur de se reconnaitre, les
autres, eux, d’une manière jubilatoire, y prendront leur pied tout en louant le
talent d’un réalisateur décidément pas comme les autres…
Points
Positifs :
-
Magnifique charge envers toute la bassesse de l’âme humaine, Sans Filtre est un excellent long
métrage, franchement barré, qui ose, de fort belle manière, pointer du doigt
tous les défauts des puissants mais aussi de ceux qui, par les aléas de la vie,
pourraient le devenir. Un véritable petit brulot comme Ruben Ôstlund sait nous
en offrir.
-
Influenceurs, fabriquant d’armes, monde de la mode, nouveaux riches russes mais
aussi employés qui ne rêvent que d’un beau pourboire et même une femme de
ménage qui, subitement, prend le pouvoir en devenant indispensable, tout le
monde en prend pour son grade dans ce film décidément guère tendre pour le
genre humain.
-
La scène du diner du commandant est un grand moment de n’importe quoi qui
mérite presque, a elle toute seule, le visionnage de ce film !
-
Le commandant du navire, parlons en : alcoolique finit, communiste
primaire, celui-ci est grandiose dans sa médiocrité.
-
Un casting peu connu dans l’ensemble, en dehors de quelques noms, mais qui fait
parfaitement le job.
Points
Négatifs :
-
Bien entendu, Sans Filtre est un film qui ne plaira pas à tout
le monde et qui n’est absolument pas grand public pour un sou.
-
Certaines scènes, comme l’épidémie de vomie et l’explosion de caca, ne sont pas
faites pour tout le monde…
-
Certains risquent de tiquer en se reconnaissant dans les personnages ou le
microcosme pointé du doigt dans ce long métrage et, naturellement, je ne parle
par des ultra-riches qui, de toute façon, ont d’autres chats à fouetter que de
regarder un film de Ruben Ôstlund.
Ma
note : 8/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire