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lundi 17 juin 2024

Les Voyages d’Endymion – Endymion


Les Voyages d’Endymion – Endymion
 
« Vous êtes en train de lire ceci pour de mauvaises raisons. Si vous lisez ces lignes pour savoir quel effet cela fait de faire l'amour avec une messie – notre messie – vous auriez tort de continuer, car vous n'êtes rien de plus qu'un voyeur. Si vous les lisez parce que vous êtes un fan des Cantos du vieux poète et que la curiosité vous dévore de savoir ce qui s'est passé ensuite dans la vie des pèlerins d'Hypérion, vous risquez fort d'être déçu. J'ignore ce qui est arrivé à la plupart d'entre eux. Ils ont vécu et sont morts environ trois siècles avant ma naissance... » La chute du Retz est déjà de l'histoire ancienne. Trois siècles se sont déjà écoulés depuis. L'Eglise s'échine à maintenir un semblant de stabilité, alors que la guerre contre les Extros fait rage. Les soldats de l'église attendent un événement prévu depuis maintenant des centaines d'années: la venue d’Enée, la fille de Brawne Lamia, doit sortir des tombeaux du temps. Et Enée est une menace pour la Pax, le groupuscule armé de l'Eglise, et elle le sait: trente mille soldats attendent la petite enfant à sa sortie. Il en sera ainsi: Raul Endymion sera la dernière chance de la petite Enée, son seul espoir de survie. Il l'accompagnera dans sa fuite à travers les portes distrans...
 

Les Voyages d’Endymion – Endymion
Auteur : Dan Simmons
Type d'ouvrage : Science-Fiction
Première Parution : 20 septembre 1995
Edition Poche : 01 septembre 2016
Titre en vo : The Hyperion Cantos – Endymion
Pays d’origine : Etats-Unis
Langue d’origine : anglais
Traduction : Guy Abadia
Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 640
 
Mon avis :
 Après vous avoir proposer les critiques des deux ouvrages de Dan Simmons qui composent Les Cantos d’Hypérion, je veux, bien évidement, parlé de Hypérion et de La Chute d’Hypérion, il est temps, à présent, de nous tourner vers la suite de ce classique de la littérature fantastique, Les Voyages d’Endymion, œuvre qui est, elle aussi, composé de deux volumes, Endymion (ouvrage qui nous préoccupe à présent) et L’Éveil d’Endymion. Bien évidemment, et, avant de voir ce que vaut cette fameuse suite, comment ne pas s’attarder sur la problématique de, lorsque l’on tient un chef d’œuvre, devoir lui donner ou non une suite ? Car, il y a de cela presque trois décennies, voilà le problème où se trouvait Simmons : fort de son succès colossal acquis avec les Cantos, il apparaissait comme risquer de se hasarder a décevoir les fans en proposant une suite à un récit qui, en toute franchise, pouvait se suffire a lui-même – en effet, La Chute d’Hypérion possède une conclusion pour le moins acceptable et on pouvait parfaitement en rester là. Surtout qu’il est de bonne guerre que, lorsqu’une œuvre remporte un grand succès, une suite éventuelle à tendance à être bouder par le public, forcément très critique que l’on revienne sur ce qu’il considère comme son propre chef d’œuvre intouchable. Et puis, quelque part, écrire une suite aux Cantos, c’était un peu comme si Tolkien, une fois Le Seigneur des Anneaux achevé, lui aurait donné un « petit frère » quelques temps plus tard ; vous imaginez ce qu’auraient dit les fans ? Du coup, vous imaginez fort bien que, il y a quelques années, la sortie d’Endymion, ne fit pas que des heureux… Pourtant, avec du recul, il apparait depuis longtemps que Les Cantos d’Hypérion ne se limitent pas uniquement aux deux premiers romans et que l’œuvre, désormais, est indissociable de cette fameuse suite, de ces pérégrinations de ce formidable antihéros qu’est Raul Endymion et de cette messie à la fois attendue et redoutée, la fille de Brawne Lamia, Énée. Pourtant, la cassure, ici, est belle et bien nette puisque, si l’univers reste le même, si certains protagonistes sont encore présents – comme Martin Silenus, l’androïde Bettik qui faisait une très courte apparition dans Hypérion, mais aussi le père Hoyt, devenu Pape, ainsi que, bien entendu, le Gritche – et si, très rapidement, le lecteur s’apercevra que certaines menaces que l’on croyait écartées sont encore présentes, avec ce nouveau tome de la saga, Dan Simmons va encore plus loin et change un peu la donne : en utilisant les mêmes ficelles que précédemment puisque, une fois de plus, c’est vers les œuvres du poète John Keats qu’il faut se tourner (lui aussi écrivit en son temps un Endymion) et en rendant une fois de plus un superbe hommage à la Science-Fiction dont il réussit une nouvelle fois a sublimer le genre, l’auteur réussit le pari de, non seulement, réussir sa suite, mais qui plus est, la rendre indispensable… ou presque. Car si les Cantos peuvent se suffire à eux-mêmes, il serait dommageable pour le lecteur de ne pas découvrir quel fut le destin de l’ex-Hégémonie, quel pouvoir pris sa place, créant de fait un nouvel Empire Galactique, qu’advint-il du Technocentre, du Gritche, des pèlerins mais aussi, et surtout, de passer à côté de ce qui restera probablement comme l’un des plus réussis couples de la SF, je veux bien évidement parler de Raul Endymion et Énée. Car si le coté messianique de cette dernière, dans cet ouvrage, ne transparait pas encore de par son très jeune âge, il en est tout autrement de cet impayable Endymion, antihéros, comme je vous l’avais dit, décidément pas comme les autres. Car, en utilisant cette dénomination si souvent utilisée à tort et à raison, suivant les cas, je ne veux pas entendre par là que le protagoniste principal de cette suite des Cantos est un quelconque loup solitaire, bourru, qui agit aux frontières du bien et du mal mais qui n’en a pas moins un grand cœur. Non, Raul Endymion, à part le fait qu’il se refuse à porter le cruciforme (et oui, celui-ci est présent deux cent ans après la chute), n’a rien d’un rebelle, bien au contraire, et surtout, rien d’un héros, mais alors là, rien du tout… et justement, c’est cela qui le rend si spécial. Oui, Raul, c’est vous, c’est nous, c’est un mec banal, pas forcément plus sportif, résistant, courageux ou héroïque que la moyenne et qui se retrouve, contre son gré, embarquer dans l’une des plus extraordinaires et improbables quêtes qu’il m’ait été donné de lire dans une œuvre du genre, et justement, le fait que ce soit un homme banal, qui va en baver, qui va commettre des erreurs et qui va sacrément dérouiller au fil des pages le rend tellement plus humain et attachant que bon nombre de soit disant « héros » auquel on est habitués dans d’autres œuvres que l’on ne peut que s’en réjouir. Et si, quelque part, c’était déjà un peu le cas dans les Cantos avec les pèlerins du Gritche (franchement, à part le Colonel Kassad, on ne peut pas dire que les autres brillaient vraiment de part d’éventuelles qualités héroïques, du moins, dans le sens habituel du terme), Simmons, ici, va encore plus loin dans son idée surtout que, comme ici, le récit est écrit à la première personne, l’identification avec le narrateur – Raul Endymion donc – est encore plus forte ce qui renforce sans nul doute l’immersion dans l’intrigue. Une intrigue, justement, fascinante, et pourtant, j’en conviens, il ne se passe pas grand-chose de franchement exceptionnel en soit puisque, quasiment tout au long du récit, nos héros se contentent de fuir leurs poursuivants sur un… radeau ! Mais le contexte, l’univers, les protagonistes, tous d’une richesse incroyable, font que cela fonctionne de la plus superbe des façons et, sans trop en dévoiler afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte a ceux qui souhaiteraient découvrir cette œuvre, dans un monde où, désormais et par le biais du cruciforme, l’Eglise, autrefois moribonde, domine littéralement les anciennes planètes de l’Hégémonie, imposant sa loi, dans un monde où, désormais, les humains ont acquis une semi-immortalité, un danger menace, et ce danger, c’est Énée ; du moins, pour l’Eglise. Pour quelle raison, quels sont les enjeux, les forces en présence, cela, je vous le laisse découvrir par vous-même, mais sincèrement, j’ai été conquis à la fois par le récit – et oui, un voyage en radeau peut être passionnant au possible – l’univers, les nouveaux protagonistes – dont mon préféré, le Père Capitaine De Soya, soldat de la Pax, force armée du Vatican – les nombreux sous-entendus, révélations et coup de théâtre qui jalonnent l’intrigue ainsi que, bien évidemment, le coté religieux omniprésent tout au long des six cent et quelques pages qui composent Endymion. Et si, aux yeux de certains, cette suite est inférieure aux Cantos et était dispensable, personnellement, je la trouve certes différente, mais tout bonnement aussi bonne et indispensable !
 

Points Positifs
 :
- Donner une suivre à un chef d’œuvre est chose toujours risquée et le résultat est souvent une déception. Dans le cas présent, il est évident que Dan Simmons réussit parfaitement son pari, livrant une suite crédible et qui apporte un plus indéniable aux Cantos D’Hypérion.
- Le plaisir, indéniable, de retrouver un univers, des protagonistes, qui nous avaient tellement enchantés dans les deux premiers romans. Certains de ces derniers sont, curieusement, encore en vie et on apprend ce qui est arrivée aux autres. Quand aux nouveaux protagonistes, disons qu’ils sont à la hauteur de nos attentes pour les principaux.
- Trois protagonistes sortent nettement du lot : Raul Endymion, bien sur, antihéros par excellence et type tellement banal qu’il est très facile de s’identifier a lui, Enée, jeune enfant destinée a devenir la messie et, particulièrement, le Père Capitaine de Soya, leur principal antagoniste dans ce roman et personnage complexe et d’une profondeur peu commune.
- Même s’il ne se passe pas grand-chose dans ce roman – nos héros passent quasiment tout leur temps à fuir les forces de la Pax, le plus souvent en radeau – force est de constater que Dan Simmons réussit à rendre son récit passionnant !
- Bien évidement, l’une des thématiques majeures de ce roman est la religion – Catholique, bien entendu mais le message est commun a toutes les croyances humaines – est a la place qu’elle occupe au sein de l’humanité.
 
Points Négatifs :
- Certains regretterons que Dan Simmons ait céder a la facilité en pondant une suite aux Cantos D’Hypérion. Il faut dire que son œuvre se suffisait à elle-même et que, aussi sympathique ou intéressante soit cette suite, on ne peut pas vraiment dire qu’elle soit absolument indispensable.
- En toute franchise, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman : après tout, notre groupe de héros passent quasiment tout leur temps à fuir en radeau… Cela peut donc ennuyer certains lecteurs.
- Curieusement, le personnage le plus réussit est le Père Capitaine De Soya.
 
Ma note : 8,5/10

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